2005 Jack Vanarsky
La rectification de tracés est le B.A.BA du lamellisateur. Mais voyons ce qui arrive si l’on rectifie, par exemple, un portrait de profil. Celui-ci s’inscrit, comme il est habituel, dans un rectangle. Choisissons comme ligne rectificative une verticale, parallèle donc aux deux côtés verticaux du rectangle. Lorsque le glissement des lamelles aura rendu rectiligne le contour du visage, les bords du tableau auront bougé de façon homologue. Ils reproduiront alors le profil deux fois, concave d’un côté, convexe de l’autre. Ayant perdu ses reliefs distinctifs, le portrait au profil aplati aura gardé quand même la matière de la peau, l’aspect et la couleur de l’œil, le charnu des lèvres. La répercussion sur les marges n’aura fourni qu’une frontière sinueuse, mais qui identifie le personnage, plus qu’un autre indice. Si nous nous trouvons en veine hyperbolique, nous dirons que les bords du rectangle sont florentins et que la tête désilhouettée a un aspect vénitien.
Il y a plusieurs manières de varier l’exercice. La plus immédiate est de changer le rectangle en trapèze. La rupture du parallélisme générera sur les bords du cadre deux silhouettes caricaturales. Le même effet se produit si l’axe de rectification n’est pas perpendiculaire à la coupe des lamelles. On peut aussi inclure la figure dans un tondo. Comme toujours, il suffit de pousser la contrainte pour déboucher sur l’inattendu. L’exemple ci-dessous est très classique. Il se borne à plagier l’autoportrait de Marcel Duchamp silhouetté par lui-même.
Référence iconographique
Portraits réalisés (entre 1998 et 2000): Sigmund Freud, Marcel Duchamp, Joyce, Samuel Beckett, Greta Garbo, Sartre, Man Ray, Nietzche, Listz
Paru dans Du Potentiel dans l'Art Editions du Seuil, 2005
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