Lamellisation permutative

Écrits de Jack Vanarsky

2005 JACK VANARSKY

Plusieurs procédés permettent d’obtenir une image symétrique, le plus simple étant de présenter le sujet devant un miroir. 
La méthode dite de lamellisation permutative propose un glissement progressif vers la symétrie, dont la réalisation parfaite – comme pour toute chose en ce monde – n’est jamais atteinte.
L’opération s’effectue par la resection répétée du sujet à traiter et la permutation des éléments ainsi obtenus. Progressivement, l’image spéculaire du sujet initial se constitue. Mais l’observateur attentif notera que, même si la finesse des lamelles allait au-delà de ce que permettent les possibilités techniques, cette nouvelle image serait toujours discontinue (pour les mêmes raisons qui empêchent la flèche de Zénon d’Élée d’atteindre son but).
Ce processus est sans échappatoire. Sauf à changer de sujet (ce qui réserve parfois des découvertes en cours de travail), on dispose de peu de marge pour inventer des variantes.

La Grande Odalisque d’Ingres, porteuse de vertèbres surnuméraires, est une bonne candidate à l’élongation. En revanche, l’extrême largeur du résultat final se prête mal au format d’un livre, raison pour laquelle l’œuvre ici reproduite se présente en deux rangées, à lire en boustrophédon. 
L’auteur laisse à l’observateur, devenu expérimentateur, la tâche trop minutieuse et ingrate de faire revenir le sujet à la position initiale. L’opération peut s’effectuer de la façon suivante :
On découpe la dernière image symétrique obtenue en lamelles aussi fines que possible, mais perpendiculaires aux découpages précédents, et on accole dans le sens inverse (de bas en haut et non de haut en bas). On obtiendra, formée de petits carreaux, une image la tête en bas. Il faudra la faire tourner de 180°, ou bien, de façon plus orthodoxe, procéder à de nouvelles découpes verticales et horizontales, pour pouvoir la superposer au sujet initial. La boucle sera bouclée, mais la nouvelle image aura gagné de nouvelles discontinuités.

Paru dans Du Potentiel dans l’Art  Éditions du Seuil, 2005 (extrait)
© Atelier Jack Vanarsky

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