Projet de redressement du cours de la Seine à sa traversée de Paris [ extrait ]

Écrits de Jack Vanarsky

2005 JACK VANARSKY

Le projet de redressement du cours de la Seine à sa traversée de Paris est une application à l’urbanisme de la Méthode de rectification par lamellisation avec correction angulaire, cas particulier de la Méthode de modification de tracés par lamellisation avec correction angulaire, qu’il faut distinguer de la Méthode de modification de tracés par lamellisation sans correction angulaire dite Méthode simple ou économique parce que ne nécessitant qu’un exemplaire du modèle à traiter au lieu de plusieurs.
La méthode qui nous occupe vise à modifier un tracé sur une surface donnée et à considérer les conséquences de cette opération sur le reste de la surface. Pour que la modification du tracé soit parfaite et affecte la totalité des points du parcours, il faudrait effectuer un nombre infini de coupes sur autant d’exemplaires de la surface.
Nous nous bornerons à décrire le modus operandi pour l’exemple choisi : rectifier le cours de la Seine pour le rendre perpendiculaire à l’axe boulevard Saint-Michel / boulevard de Strasbourg.
[1]
Il est possible maintenant d’examiner le plan transformé et de considérer les conséquences :
Conséquences directes :
a / Le cours rectiligne de la Seine crée un grand axe de circulation fluviale rapide. Accessoirement, il permet les courses de hors-bord.
b / Il en résulte une magnifique perspective monumentale des ponts de Paris.

Conséquence complémentaire :
c / Paris est rééquilibré, la Rive gauche devenant sensiblement égale à la Rive droite.
Conséquences concomitantes :
d / Le bois de Boulogne se trouve projeté en plein centre de Paris, créant un vaste espace vert au cœur de la capitale.
e / Un nouveau tissu urbain, de type préhaussmannien, se trouve généré, avec abondance de ruelles et d’impasses qui redonnent du pittoresque en compensant la rigueur de l’axe fluvial.
f / Un certain nombre de monuments disparaissent, mais d’autres se trouvent multipliés. Par exemple, disparaissent l’Opéra Garnier, le Sacré-Cœur, la moitié de l’Arc de Triomphe, mais les Invalides, le cimetière Montparnasse, le centre Pompidou, l’Opéra Bastille sont dédoublés.
g / La Seine se ramifie vers l’aval.
h / Le pourtour de la ville s’ouvre en plusieurs endroits. Ainsi, comme dans le cas de la tectonique des plaques, la matière urbaine fuit constamment tandis que la matière suburbaine (nous n’osons parler de campagne en banlieue parisienne) pénètre dans la ville.
L’énumération des conséquences concomitantes de la Rectification met en évidence une loi générale : Toute Rectification d’un tracé donné entraîne des déformations d’autant plus prononcées que les zones qu’elles affectent sont plus éloignées du tracé.
L’intérêt de l’opération réside dans l’examen et dans l’évaluation de ces conséquences.

[1]  Motus Operandi à consulter dans la version publiée, référence ci-dessous.

Projet présenté à l’exposition « Visions Urbaines » du Centre Georges Pompidou (1994),
puis à l’Institut Français d’Architecture.
Publication de la bibliothèque Oupeinpienne Ed. Au Crayon qui tue n°2, 1993

Paru dans Du Potentiel dans l’Art Éditions du Seuil, 2005
© Atelier Jack Vanarsky

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